La fugue

Il court, il court, le furet

Le furet du bois, mesdames,

Il court, il court, le furet,

Le furet du bois joli.

Il est passé par ici…

Il repassera par là…

Je préconise que cette chanson enfantine très connue en France, devienne le signal permettant d’informer le système de soin du départ d’un patient d’une unité.

En effet, sous ce terme de fugue se cache la dénomination générique administrative qui signale l’absence d’un patient dans une unité de soins psychiatrique, et ceci même s’il est en entrée volontaire ou s’il présente un état psychique stable.

La fugue, dans son sens premier, s’adresse à une personne mineure qui quitte le domicile sans autorisation parentale. Quand un système de soins psychiatrique préconise ce terme pour tout patient qui quitte l’unité sans « autorisation », il sous-entend que toute personne hospitalisée en milieu psychiatrique est à considérer comme une personne irresponsable de ses actes.

Si vous êtes hospitalisé en milieu psychiatrique et que vous ne revenez pas « d’une permission » (autre terme infantilisant), si vous sortez boire un verre ou rencontrer un ami, faites un tour à la Lake Parade, au bord du lac ou dans la nature. Ou encore si vous souhaitez avoir un moment d’intimité avec votre partenaire sans demander la permission… C’est une fugue. Et vous risquez fort d’être arrêté par la police à qui vous pourriez être signalé…

Et voici un des paradoxes de l’hôpital psychiatrique qui encourage les personnes qui souhaitent y rester « trop » à partir et qui court chercher celles qui souhaitent s’en échapper.

Ce mouvement de va et vient pourrait être à l’origine d’une belle composition de fugue musicale. Ainsi, au lieu des presque 2000 signalements de fugue faits chaque année nous pourrions égrener de somptueux moments musicaux qui signaleraient à la Cité que les personnes hospitalisées en milieu psychiatrique veulent être et se sentir intégrées dans le tissu citoyen comme les autres, et ceci sans en demander la permission !