Comme la majorité des films d’exploitation, la qualité cinématographique et la dramaturgie sont médiocres. Le film témoigne d’un manque de connaissances scientifiques et actuelles lié à l’usage de cannabis et expose une critique erronée. Le fossé entre les messages de diabolisation que véhicule Reefer Madness et la banalisation actuelle du cannabis laisse songeur; cette bascule est intimement liée à une pensée dichotomique et d’ordre moral. Dans la réalité, cette drogue demeure la plus accessible et la plus connue mondialement, étant même légale dans plusieurs pays. Le passé historique et politique du cannabis a d’ailleurs démontré que la prohibition et la répression n’ont aucun impact bénéfique sur la criminalité et que l’interdiction ne fait qu’augmenter l’attrait pour une drogue. La mondialisation du phénomène de consommation des substances psychotropes et l’échec des politiques de prohibition nous obligent forcément à quitter nos automatismes confortables et peu efficaces, et à prendre un positionnement de dialogue, de confiance et d’une vraie pédagogie. Celle-ci pour être efficace implique de s’intéresser au cadre de référence du consommateur, de comprendre ses besoins, et de l’accompagner si nécessaire à trouver une «sagesse» et une liberté dans son comportement. Ceci implique que les comportements de consommation soient enfin intégrés dans la réflexion sociétale et dans une prise de responsabilité politique.

Danaé Perrozzi, Rita Manghi, Daniele Zullino, Gerard Calzada

Faculté de médecine, Université de Genève, Switzerland

Résumé

PERROZZI D, MANGHI R, ZULLINO D, CALZADA G
Les troubles liés au cannabis dans le film Reefer Madness
Swiss Arch Neurol Psychiatr Psychother. 2016;167(06):188

DOI: https://doi.emh.ch/10.4414/sanp.2016.00432
Date de publication : 28.09.2016

Analyse approfondie

Analyse approfondie du film avec une discussion du contexte historicoculturel, de la psychopathologie et des représentations sociales.