Rougir de honte… Devenir vert de rage. Etre blanc comme neige! Nous en voyons régulièrement de toutes les couleurs. Les personnes souffrant d’addictions également. Et pourtant, être gris et même noir par moment (expressions signifiant être modérément ou très saoul) n’a jamais empêché d’être aussi un fin cordon bleu ou d’avoir la main verte !

osons voir la vie en rose ! Ce rose qui partage avec les personnes souffrant d’addiction le triste privilège de la stigmatisation. Ce rose que certaines personnes ont décidé, dans le service d’addictologie, de mettre en avant, comme on mettrait en avant ce qui veut rester caché, dans l’ombre, car honteux, montré du doigt. Donner le feu vert au rose, c’est donner le feu vert au droit à la différence, à une place à trouver dans notre société, à une autre norme.

stigmatisation : l’OMS l’a définie comme « l’obstacle le plus important à surmonter dans la communauté » (WHO, 2001). La stigmatisation apparait comme une expérience profonde de discrédit et d’isolement social, associée à des sentiments de culpabilité, de honte, d’infériorité et à un désir de dissimulation.
Corrigan et Watson (2002) regroupent les stratégies anti- stigmatisation dans trois grandes approches: la protestation, l’éducation, et le contact.
– La protestation remet en question les stéréotypes sociaux en signifiant un désaccord vis-à-vis des images erronées ou hostiles du public ou des médias.
– Les programmes d’éducation font la promotion d’attitudes plus positives en fournissant de l’information.
– Les approches privilégiant les contacts favorisent les occasions d’avoir des interactions positives avec des personnes souffrant de maladie mentale*

etre là. Vouloir être présent dans cette cité. Avec les outils d’aujourd’hui : médias sociaux, rencontres informelles, journées de formation, émissions, créations artistiques. Etre là pour faire connaître, déstigmatiser, mettre en lien, intégrer. Une des visions fondamentales dans le service d’addictologie des HUG. Avec le rose, nous mettons en couleur notre volonté de présence visible et parfois dérangeante pour que les personnes souffrant d’addictions puissent être vues et considérées comme partie intégrante de notre tissu social.

* Extrait de l’article « Stigmatisation. Leçons tirées des programmes visant sa diminution » Heather Stuart Santé mentale au Québec, vol. 28, n° 1, 2003, p. 54- 72. : http://id.erudit.org/iderudit/006981ar