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Les planches de pharmacothérapie des addictions

Le traitement de patients avec addiction aux opiacés par prescription d’opiacés est, au premier abord, contre-intuitif. Traiter avec les substances qui posent problème peut apparaître comme absurde.

Pour résoudre ce paradoxe, il sera utile de se rappeler l’effet des substances addictives sur le fonctionnement cérébral.

Que l’opiacé (héroïne, morphine ou autre substance de cette classe) soit appliqué dans le milieu (c’est à dire dans l’environnement
particulier de la drogue) ou dans un cadre thérapeutique, peu importe, il va toujours avoir un effet similaire sur les structures neurobiologiques impliquées dans le renforcement comportemental, impliquées dans l’automatisation des comportements.

Il devient alors évident que l’effet de la substance aura un effet renforçateur qui dépend du contexte.

D’un côté, l’opiacé renforcera des comportements, mais aussi des perceptions, des cognitions et d’émotions actives au moment de l’effet de la substance consommée dans le milieu, rendra donc plus probables des comportements spécifiques à ce milieu.

D’autre part, le même effet renforçateur dans le milieu thérapeutique rendra plus probables des comportements actifs dans le
cadre thérapeutique… à condition, bien évidemment, qu’il y ait une offre thérapeutique du type apprentissage de comportements alternatifs.

Le traitement assisté par prescription d’opiacés est ainsi bien plus qu’une simple substitution, c’est une psychothérapie soutenu par une pharmacothérapie.

Prof Daniele Zullino
Service d’addictologie
Département de santé mentale et de psychiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève